Le crowdfunding – ou financement participatif – ça veut dire “financement par la foule”.
Concrètement, on présente son projet, l’idée, les chiffres, les raisons d’y croire, le but étant de séduire les futurs contributeurs.
Présentation du crowdfunding
Plusieurs plateformes existent, notamment :
Ulule
KissKissBankBank
Tudigo
Et plein d’autres !
Il existe plusieurs formats de participation possibles, comme :
– Le don (une somme d’argent en échange ou non d’une contrepartie)
– La pré-commande (une somme d’argent pour acheter un produit pas encore commercialisé)
– Le prêt (aussi appelé crowdlending, avec ou sans intérêts)
Se préparer à une campagne de crowdfunding ?
Autant te le dire tout de suite, il va te falloir un paquet de motivation, d’énergie et de temps !
C’est une véritable stratégie de communication qu’il va falloir créer pour mener à bien ta campagne. Tu vas coupler cette campagne avec des pubs sur les réseaux sociaux, l’envoi de newsletters, des articles dans la presse… Bref, il faut qu’on te voie le plus possible.
Ce qui bloque souvent les porteurs de projet, c’est cette impression de devoir quémander de l’argent, du soutien. Concrètement, oui, tu vas devoir solliciter ton entourage régulièrement, mais à toi de tourner tes messages en opportunité pour tes proches, et les autres, de pré-commander en exclusivité, de soutenir une cause, de participer à un projet qui a du sens…
Le challenge est encore plus important car c’est le principe du tout ou rien : soit tu récoltes 100% (ou plus) de ton objectif, soit tu ne l’atteins pas et tes contributeurs sont remboursés : tu ne touches rien.
Le lancement du financement participatif
Le secret d’une campagne de crowdfunding réussie, c’est de mobiliser ton réseau et de demander du soutien (financier et/ou en relai d’information).
N’oublie pas la traduction de ce mot, et notamment “crowd” – la foule. C’est grâce à la foule, aux relais faits sur différents supports que l’effet boule de neige va pouvoir avoir lieu, et que ton projet va se faire connaître par un maximum de personnes.
Très souvent dans les campagnes de financement participatif, on parle des “3 cercles”. De quoi il s’agit ?
→ Ton premier cercle est constitué de tes proches, amis, faille, bref, des personnes que tu connais personnellement. Ils vont (normalement) être ton premier soutien.
→ Ton deuxième cercle, ce sont les proches de tes proches. Ils ne te connaissent pas vraiment, mais ils connaissent tes amis, ta famille, et sont donc plus enclins à te faire confiance.
→ Ton troisième cercle, c’est le grand public : des personnes qui n’ont aucun lien avec toi, et sont donc plus méfiantes, plus difficiles à toucher, et à convaincre.
Il y a une règle principale à respecter : présenter ton projet aux 3 cercles dans l’ordre. Plus précisément, ton premier cercle est censé financer au moins 20 à 30% de ton objectif. Une fois ce palier atteint seulement, tu peux solliciter tes proches pour qu’ils partagent l’informations à leurs amis, et toucher ainsi ton deuxième cercle, qui te permettra d’atteindre 50% de ton objectif. Enfin, et seulement à ce stade, tu pourras présenter ton projet au grand public (publicités, comptes sociaux professionnels, articles de presse…).
Et oui, c’est une question de crédibilité : si ton projet stagne à 5-10% quand tu le présentes, à moins qu’il éveille un véritable intérêt même pour ceux qui ne te connaissent pas (c’est possible !), il n’inspirera pas confiance.
Créer sa page de crowdfunding
Il y a plusieurs choses à prendre au sérieux, et notamment :
✅ Ne pas négliger la présentation de ta page projet (textes, visuels, vidéos…). Tout doit être cohérent et bien travaillé, on doit sentir que le projet est mûri depuis un moment, et que tu as investis (présentation de prototypes, séance photo, charte graphique établie…)
✅ Bien calculer le coût des contreparties. Quand tu fais une campagne réussie, la plateforme prend 8% de la somme récoltée comme commission. Pense à les déduire de tes gains !
✅ Très souvent, les frais de port sont offerts, et on propose une remise qui permet d’acheter ton produit moins cher que quand il sera officiellement lancé. Avec tout ça, attention : il doit te rester de l’argent pour financer ton projet initial !
✅ L’un des principaux avantages d’un crowdfunding, c’est qu’on crée une communauté engagée. Pense à la chouchouter, à envoyer des news régulièrement pour les informer. Cette communauté t’apportera une crédibilité face aux banques : des gens croient déjà en ton projet !
Des exemples de campagnes de crowdfunding réussies
Parmi les bons exemples à suivre, on peut citer :
Le carnet du temps
Maison Mixmelô
Perùs
Aurore Market
Moodz
Kanopée
Treebike
Témoignage d’une porteuse de projet en crowdfunding
Lucie est créatrice d’accessoires pour bébés. Elle a lancé son activité – Elyce Création – il y a plus de 6 ans, et est passé par une campagne de financement participatif pour développer son entreprise.
🎤 Quel était ton projet en lançant cette campagne ?
Mon projet de tétines à personnaliser est né d’un mécontentement avec mon fournisseur. J’avais également envie de développer mon activité et de voir d’autres horizons, de ne plus dépendre d’un fournisseur en étant noyée dans la masse.
🎤 Qu’est-ce qui était important pour toi dans ce projet ?
Il s’agissait d’un projet familial, pour lequel 50% de l’apport provenait de prêts accordés par ma famille, il était indispensable de réussir. Idéalement, 25% provenait du crowdfunding, et 25% de nos économies. On nourrissait l’espoir que mon conjoint puisse quitter son travail à l’usine pour me rejoindre et ne vivre que de notre activité. Ce qui a été le cas pendant plus d’un an. L’idée était qu’il gérerait la réalisation des commandes de tétines.
🎤 Quel était ton objectif et comment tu l’as défini ?
L’objectif était de 5000 euros, ce qui représentait 25% du total nécessaire au bon accomplissement du projet, même si on pouvait également faire sans si jamais ça ne fonctionnait pas. Ça aurait été très serré, mais pas impossible.
🎤 Comment as-tu eu l’idée de faire un crowdfunding ?
Tout simplement en cotoyant d’autres créatrices qui ont lancé ce type de campagne, souvent réussies. Je me suis dit “pourquoi pas moi ?!”
Je ne souhaitais pas faire appel à une banque, monter un dossier, me présenter devant une commission… Surtout qu’en micro entreprise, on est rarement pris au sérieux par les établissements bancaires. Et puis, un crowdfunding c’est aussi beaucoup de communication, donc un bon moyen de parler de son projet et d’impliquer sa clientèle.
Au final, financièrement parlant, le crowdfunding est peut-être même plus élevé entre les commissions et les contre parties, mais c’est une réelle expérience humaine, pas juste un dossier de demande d’argent.
🎤 Comment s’est passée ta campagne ?
Très stressante et prenante ! On m’avait prévenue, mais je n’imaginais pas ça aussi bouleversant émotionnellement. Pendant 2 mois, on dormait crowdfunding, on mangeait crowdfunding, on travaillait crowdfunding… C’était du non stop !
Il fallait toujours trouver des moyens de communiquer sans lasser, d’attirer l’attention, de trouver de nouvelles idées, de faire envie. Parfois, j’avais presque l’impression de harceler le monde entier avec ça.
On dit souvent que le 1er cercle : la famille et les amis, sont le 1er pillier de la réussite. Dans mon cas, ça n’a pas été le cas, donc il y a eu de la déception, à me demander quelle valeur j’avais, à remettre en question la place que j’avais auprès d’eux. En me confiant sur les groupes d’entrepreuneuses, j’ai pu réaliser que c’était en fait très courant, et qu’il ne fallait pas le prendre personnellement. Mais c’était dur de voir qu’en amont, tout le monde m’encourageait et trouvait le projet génial… Puis une fois lancé, c’est comme s’il n’y avait pas de suite. Attention, certains proches ont été très présents et je les en remercie du fond du coeur. Mais beaucoup ont juste ignoré tout ça et je me suis sentie rejetée.
J’ai appris qu’il fallait vraiment différencier le pro du perso, et prendre du recul. Car il est vrai que dans le monde salarial, une fois la journée terminée, on n’y pense plus, on se concentre sur sa vie privée. Alors que pour moi, Elyce est mon bébé, c’est un membre de la famille omniprésent, donc ça a été dur d’accepter d’être ignorée.
🎤 Est-ce que quelque chose t’a particulièrement inquiétée ?
Évidemment, j’avais peur de l’échec, que personne ne s’intéresse à ce projet.
Pendant la campagne, j’avais l’impression de saouler tout le monde avec ça, mais il n’y a pas de secret : pour réussir, il faut être très très présent et ne rien lâcher.
🎤 As-tu été accompagnée pour lancer ta campagne ?
Oui j’ai été aidée par toi, Laurie ! Et ça m’a beaucoup aidée.
J’ai aussi fait appel à une illustatrice pour réaliser des visuels. J’ai demandé l’avis d’inconnues sur des groupes, et là encore ça été une mine d’or car j’ai eu beaucoup de critiques… Mais constructives ! Si bien que le projet du début n’avait plus du tout le même axe de communication qu’au départ !
Tout au long de la campagne, j’ai réalisé des courtes vidéos : 1 par thème, à raison d’environ 1 fois par semaine. Par exemple : présentation générale, détail du financement, détail des contre-parties etc.
🎤 Quel budget as-tu consacré à cette campagne ?
Je n’y ai pas consacré beaucoup de budget, car je misais sur les contre-parties.
De mémoire, j’ai fait 100 euros de pub sur les réseaux sociaux, via la vidéo de présentation. Mais ça n’a pas beaucoup boosté le projet en lui même.
🎤 Si c’était à refaire, que ferais-tu différemment ?
D’un côté, le projet a été une réussite sur le plan théorique : on avait atteint le montant attendu et ma clientèle connaissait bien le projet !
Mais en réalité, on a dû injecter 1.000 euros de notre poche sur les 5.000 euros demandés, et 2 proches ont donné à eux seuls 1.600 euros ! Donc au total, on a réellement récolté la moitié (si on retire ces 2 proches et nos fonds personnels).
Sincèrement, si c’était à refaire, je ne sais pas si je foncerais comme je l’ai fait… La preuve, je lance un nouveau projet de 20.000 euros et cette fois j’ai choisi l’emprunt bancaire ! C’est plus long, certes, mais aussi plus simple dans le sens où il suffit de fournir quelques papiers et advienne que pourra ! Je n’avais pas l’énergie – ni l’envie – de retenter l’aventure.
🎤 Si tu avais un conseil à donner à quelqu’un qui veut faire un crowdfunding ce serait quoi ?
Se préparer psychologiquement !
Peut-être en se préparant à vivre des montagnes russes, ou bien se répéter des mantras positifs, et y croire, pour que les autres y croient à leur tour.
Tu l’auras compris, l’aventure du crowdfunding n’est pas un long fleuve tranquille et demande une véritable préparation, ainsi qu’un état d’esprit bien travaillé !
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