Très souvent, j’entends “j’aimerai bien lancer ma boîte, mais c’est pas le moment”.
Si, dans l’absolu, je comprends l’idée, je m’interroge : c’est quoi, le “bon moment” ?
Est-ce que ce serait celui où on peut se consacrer à 100% à son projet (et donc pouvoir “délaisser” sa vie sociale, familiale, amoureuse) ? Est-ce que c’est quand on n’a pas encore d’enfant, ou au contraire quand ils sont assez grands ? Est-ce plutôt quand on a suffisamment d’économies pour pouvoir encaisser une perte de revenus ?
Je crois que la définition du bon moment est propre à chacun, mais surtout qu’elle correspond à une période qui n’existera jamais.
Quand tu auras assez d’argent et/ou des grands enfants, tu te diras que tu es trop vieux/veille. Si tu n’as pas encore d’enfants et 100% de ton temps pour toi, tu te diras que ta vie familiale va changer dans les prochaines années.
Je continue ?
Si j’avais attendu le bon moment, je n’aurais jamais entrepris :
✗ Je n’avais pas de modèle d’entrepreneur autour de moi
✗ Je n’ai jamais eu beaucoup d’économies (ni même d’économies tout court)
✗ J’ai toujours fait passer ma vie de famille avant le reste
✗ Je n’avais aucun diplôme ou piston quand je me suis lancée
Et je dois dire que lire des choses comme “pour entreprendre, il faut être disponible – donc pas en train de gérer un/des enfant(s) – et serein financièrement”, ça me révolte un peu.
Bien-sûr, ça complique un peu les choses, mais bon sang c’est possible ! Si ton “pourquoi” est très fort, que ton projet est bien structuré, que tu as su te faire accompagner pour t’aider sur tes lacunes, alors tu trouveras toujours le moyen de réussir ton projet.
Je vais te raconter une petite histoire, personnelle, pour te montrer à quel point je ne crois pas au “bon moment” qu’on essaye tant de nous vendre.
Lorsque j’ai appris que j’attendais ma fille, mon premier enfant, j’étais dans une situation assez précaire : on venait de s’installer avec mon (futur) mari dans notre petit T2, et je venais d’arrêter mes études de Lettres pour tester la vie professionnelle. J’avais accepté un contrat de négociatrice en immobilier indépendante, payé au lance-pierre. Je faisais 60 heures par semaine, et j’ai gagné 1900 € en 6 mois de travail. Je n’avais aucun réseau, pas de contacts et j’étais livrée à moi-même : très peu de formations, pas de portefeuille client au démarrage, des techniques commerciales douteuses… Bref, difficile de m’imaginer en vivre royalement, comme on me l’avait vendu.
Je me suis arrêtée à 7 mois de grossesse, heureusement le congé maternité a pris le relai. Quand ma fille a eu 5 mois, on était pris à la gorge financièrement et j’ai cherché un poste salarié. Je te passe les détails, mais un an plus tard, je signais une ruptureconventionnelle pour lancer ma première boîte.Pour mon fils, c’était un peu différent. J’étais déjà à mon compte depuis 8 mois, et ça roulait plutôt bien. Pas de quoi flamber, mais j’en vivais convenablement, et surtout j’avais vraiment trouvé mon équilibre, avec l’entrepreneuriat. Pendant ma grossesse, j’ai été prise d’une grande énergie qui m’a permis de réinventer ma stratégie, mon fonctionnement, et de faire grandir mon entreprise, pour travailler avec 4 autres freelances.
Et me voilà aujourd’hui, enceinte de mon troisième enfant, avec un chômage qui se termine le mois prochain, une entreprise toute neuve et encore peu connue à faire tourner : un énorme challenge, risqué aussi bien-sûr, mais où je suis plus confiante que jamais.
Ce que je veux te dire à travers tout ça, c’est que des conseils du type “tu devrais attendre le bon moment”, tu vas en entendre un paquet ! Mais rappelle toi que les gens expriment et projettent leurs propres peurs : ne te laisse pas déstabiliser si, au fond toi, tu sens que c’est ton “bon moment”.
Et toi, quel est ton point de vue ?